Vagabond sur NPO 1
Reportage sur Vagabond au Groenland en été 2019 dans le programme ‘Floortje Naar Het Einde Van De Wereld’ (Floortje de retour au bout du monde) sur NPO 1, la première chaîne de télévision aux Pays-Bas. Jeudi 27 février à 21:30.
Reportage sur Vagabond au Groenland en été 2019 dans le programme ‘Floortje Naar Het Einde Van De Wereld’ (Floortje de retour au bout du monde) sur NPO 1, la première chaîne de télévision aux Pays-Bas. Jeudi 27 février à 21:30.
Le Leg3 de la mission Mosaic aurait du commencer depuis le 15 février. Sauf que nos remplaçants sont toujours à bord du Kapitan Dranitsyn qui progresse à 1 km/h en moyenne en consommant 80 tonnes de fioul par jour... Le brise-glace russe a quitté les fjords norvégiens le 3 février, il était attendu le 15 à côté du Polarstern pour relever la quasi totalité de l'équipage et des scientifiques (100 personnes), et pour transférer près de 40 tonnes de ravitaillement et équipements. Nous avons même fêté la fin du Leg2 le 8 février, afin d'être prêts pour la rotation mi-février !
Aucun navire n'a jamais atteint le pôle Nord en hiver. Les 145 voyages réussis depuis 1977 l'ont été entre fin mai et mi-octobre, 81% d'entre eux par des brise-glaces nucléaires. Même si l'épaisseur et l'étendue de la banquise diminuent de façon spectaculaire depuis une trentaine d'années, affréter un brise-glace de moyenne capacité pour une rotation près du pôle en hiver reste un réel défi ! Si le Kapitan Dranitsyn ne parvient pas à rejoindre le Polarstern, l'expédition Mosaic fera probablement appel à une logistique aérienne... A suivre sur le blog de Mosaic.
En attendant, les travaux scientifiques continuent, intenses et fructueux. La dérive nous entraîne toujours vers le nord-ouest, la mission est actuellement au nord du 88ème parallèle à 200 km du pôle. Le soleil ne se lèvera pas avant mi-mars, mais le crépuscule se manifeste un peu plus chaque jour, couronné par Vénus bien visible au-dessus de l'horizon depuis deux semaines. Outre les sorties à pied ou à ski qui permettent à tous de s'aventurer sur la banquise, la dernière pleine lune a été célébrée par un deuxième bivouac pour les plus courageux. Très peu d'animaux ont été observés depuis notre arrivée sur la mission mi-décembre : un poisson attrapé dans un filet par 1000m de fond, un phoque aperçu à la surface du trou du ROV (robot sous-marin), un ours pris en photo près des instruments de télédétection, un renard tournant autour du Polarstern. Avec les nutriments et le plancton régulièrement prélevés, la chaîne alimentaire symbolique de l'Arctique est représentée, même en hiver au coeur de l'océan polaire. Tous attendent le retour de la lumière.
France, Léonie et Aurore seront de retour à bord de Vagabond le 2 mars. J'espère les y rejoindre au plus vite pour la suite du programme scientifique (étude hivernale de la coralline) et pour la résidence d'artistes ! La fin de l'hiver et le printemps s'annoncent riches, de même que la campagne d'été (août et septembre) qui fera suite à celle de l'été 2019.
Le 9 février, Louis était invité à une chasse au phoque près d'Arctic Bay. Il raconte : "Départ à 8h pour une chasse avec Rex, Olayuk, Tom et Logan. On croise une bonne dizaine de skidoos sur le chemin et aux diverses pauses thé. On se rend près du bord de la banquise, c'est génial de voir la mer; le vent se lève et ça pince. On met plus d'une heure à se rendre là-bas, le terrain est très accidenté à cause du vent des derniers jours. Il fait -41°C. Le froid est mordant, même pour quelques Inuit qui bien que plus résistants prennent quelques gelures. On attrape 5 phoques. On traîne pas et on rentre vers 17h30 pour le match de volley ball, mais avant on se retrouve tous pour manger chez Tom le fruit de la chasse, dans un bouillon avec des pommes de terre. Le lendemain c'est chez Rex qu'on mangera du phoque rôti à la sauce barbecue. J'ai cousu une parka avec l'aide et les conseils de Rex et Darlene ! Premiers soleils depuis deux jours."
Tom a aussi proposé son aide à Louis pour plonger samedi dernier. Louis a réussi à se changer à l'intérieur de son pick-up, stationné à côté du trou sur la banquise, et y était au chaud pour télécharger les données des capteurs (pH et salinité) entre les deux plongées. La visibilité sous l'eau est excellente !
La mission Mosaic suit son cours, au fil de la dérive transpolaire qui nous rapproche doucement du pôle Nord (moins de 300km), et au rythme d'un intense programme scientifique.
A 87°30' de latitude Nord, même pendant la nuit polaire, les aurores boréales sont très rares; celle observée récemment était frangée de rouge. Superbe spectacle également lors de la pleine lune du 10 janvier et de l’éclipse partielle. Ou bien sous le ciel magnifiquement étoilé lors de la sortie camping que j'ai proposée samedi dernier : une vingtaine de scientifiques ont ainsi quitté le cocon du Polarstern, le temps d'une nuit, pour mieux ressentir l’océan Arctique qu'ils sont venus étudier.
Un ours bien léché a visité avec attention une partie des innombrables installations, il n'a rien endommagé, et a même évité de marcher sur la neige sous les radiomètres qui mesurent la température de la surface de la banquise et les radiations émises. Seul un appareil photo automatique a vu l'ours, peu après minuit le 19 janvier. Ses traces nous ont racontés son parcours.
La banquise craque allègrement dans les environs du Polarstern ces jours-ci. Hier, alors que je veillais sur deux équipes qui souhaitaient travailler de l'autre côté d'un crack, la glace grinçait, gémissait. En poste près des zones d'ouverture et de friction, avec deux motoneiges et trois traîneaux stationnés du 'bon' côté, j'ai assisté soudain à une rupture multiple. La banquise se dérobait sous mes pieds. Un des traîneaux s'est trouvé à cheval sur une fracture qui a vite atteint plus d'un mètre de large. A peine le temps de démarrer les skidoos pour les déplacer, l'un des skis était déjà dans l'eau ! Heureusement le moteur était encore chaud et la machine a bondi hors de la crevasse en échappant au naufrage (4500m de fond...). Simultanément, une crête de pression poussait rapidement, il était temps de rassembler tout le monde et de regagner notre vaisseau. Que va devenir la banquise de Mosaic ?
Du côté de Vagabond et d'Arctic Bay, Louis a eu l'aide de un ou deux phoques pour entretenir les trous dans la banquise et lui faciliter le travail avant de plonger ! Par -36°C hier, l'eau devait presque lui sembler chaude, à -1,8°C. Dans ces conditions, c'est un réel défi technique et logistique d'aller chercher une dizaine d'échantillons de coralline, installés sur le fond depuis septembre, et de récupérer les données des capteurs de lumière, température, salinité et pH. Johan, le professeur de Léonie était là pour assister Louis en surface, et les amis du village pour réchauffer notre plongeur avec des festins de caribou, d'omble arctique et de phoque.
Novembre dernier, j’ai laissé mon chez moi au sud du pays et tous les conforts de la grosse ville pour vivre sur le seul bateau restant dans la glace de la baie en avant de la petite communauté inuit Arctic Bay au Nunavut. Mes amis et ma famille pensaient que j’étais folle et « brave » de bouger ma vie et mon travail doctoral pour une vie simple et froide au nord pour deux mois. Mais je ne me sentais pas brave du tout, je sentais que c’était simplement quelque chose que je devais faire. Après trois jours de vols entre diverses communautés, j’ai rencontré Vagabond en grande amitié. Autre que la différence de température apparente depuis l’expédition de l’été passé, le bateau n’avait pas changé du tout. Depuis l’été passé au Groenland, j’ai commencé à reconnaître le magnétisme de l’Arctique et la vie en mer, ce qui avait attiré tellement de gens au désert blanc plein de vie, sous l’eau ainsi que dans ses villages côtiers. C’est pourquoi la vision de Vagabond, maintenant pris dans la glace, était tellement invitante. Pas longtemps après mon arrivée, j’ai joins Louis pour continuer le programme scientifique de l’année.
La première plongée était… comment devrais-je dire… riche en évènements. Nous étions peut-être trop ambitieux pour notre propre bien. Nous voulions relever 10 échantillons d’algues corallines pour une étude sur leur croissance mensuelle, ainsi que des instruments captant l’information environnemental des algues, calibrer les instruments, et puis les remettre sur leur plateforme 15 mètres sous la surface. Après avoir monté la tente contenant le poêle réchauffant l’air à peine au-dessus de 0 centigrade, et installé la ligne de sécurité avec la surface de la glace, nous avons vite préparé Louis pour la plongée. Mais nous avons mal jugé comment le froid allait tout affecter. Louis est revenu à la surface après sa première plongée avec des détendeurs gelés, les échantillons d’algues, et seulement quelques instruments, ne pouvant pas tous les récupérer à cause des doigts gelés. Les instruments recueillis ont vite pris froid et ne voulaient pas faire le transfert de données. Entretemps, Louis continuait à se refroidir en attendant la calibration des instruments. Nous avons finalement concédé aux conditions, décidant de retourner sur Vagabond pour finir le travail à bord, et remettre les instruments sur la prochaine plongée. Notre routine s’est améliorée durant les prochaines manœuvres, même si le froid continuait à présenter de nouveaux obstacles. Heureusement, par ce temps nous avons fait de magnifiques connaissances dans la communauté qui sont venues à notre aide.
Les gens de Arctic Bay sont très gentils et accueillants. On nous a souvent offert de venir nous doucher et se réchauffer chez plusieurs personnes. Nous avons rit quand nous avons pensé qu’on devait vraiment sentir mauvais ou avoir l’air de vrais vagabonds pour que les gens nous arrêtent au supermarché pour nous inviter chez eux pour la douche. Jours par jours, on a commencé à se sentir très proches de la communauté. Un évènement qui nous avait vraiment rapproché était la période de jeux de Noël. Durant les deux semaines de jeux et de danse nous avons peut-être manqué une soirée. Comme enfant unique, les Noëls étaient plutôt tranquilles, mais ici la tranquillité était remplacée par le son des rires et de musique d’accordéon accompagnant la danse carrée. Cette musique nous remplissait les oreilles même lorsque nous n’étions pas aux jeux et restait avec nous jusqu’au prochain soir. Nous étions contents que nos amis pouvaient traduire les règles des jeux pour nous puisque notre inuktitut était presque non-existant. On aimait beaucoup demander aux gens comment ils préféraient manger leurs viandes locales, dont nous avons rapidement prit le goût, pour comprendre les préparations diverses pour déguster leur nourriture favorite : frit, cuit au four, cru, après la chasse, gelé, en soupe, avec de la sauce barbecue, sauce piquante etc. Approchant la fin de ma visite, j’ai galéré à trouver une bonne façon de les remercier pour leurs bienveillances. Après les cadeaux, je pouvais seulement leur promettre qu’un jour je reviendrais.
Le Kapitan Dranitsyn a rejoint le Polarstern le 13 décembre, à 350 kilomètres du Pôle Nord. Il est reparti le 18 décembre avec nos prédécesseurs, après passages de consignes, transfert de carburant, de vivres et d'équipements. La veille au soir, c'était partie de foot et vin chaud sur la banquise pour tout le monde, 250 personnes !
Nous sommes actuellement 100 personnes, dont la moitié de scientifiques, à bord du Polarstern pour le Leg 2 de la mission Mosaic. Notre petite communauté internationale (18 nationalités), la plus au nord de la planète, dérive doucement vers le nord avec son incroyable réseau d'instruments. Je fais partie de l'équipe logistique-sécurité pour assister les travaux sur la banquise, veiller aux ours, déplacer les installations malmenées par les mouvements incessants de la banquise, trouver de nouveaux accès... l'ambiance générale est excellente, malgré le froid (-34°C aujourd'hui, -50°C ressenti avec le vent) et la nuit permanente que certains participants découvrent. Loin de nos familles et amis, nous avons néanmoins célébré le solstice d'hiver, Noël, et tout récemment la nouvelle année !
Le périple à bord du Dranitsyn fût mémorable. Nous étions monté à bord au Groenland en 2001, puis l'avions côtoyé à Mourmansk en 2002. A l'époque, je n'imaginais pas naviguer un jour à son bord avec une flopée de scientifiques presque jusqu'au pôle, dans la nuit, à travers de la glace de plus en plus épaisse... Notre vitesse est tombée à 1 noeud en fin de parcours ! Pas sûr que le Dranitsyn parvienne seul à nous récupérer lors de la prochaine rotation mi-février, et diverses options sont envisagées : assistance brise-glace nucléaire, hélicos russes, avions canadiens... A voir où la dérive nous mènera d'ici là !
Pendant ce temps, Natasha et Louis veillent sur Vagabond, au nord de l'île Baffin. Ils assurent les plongées mensuelles et les prélèvements d'eau pour le programme scientifique. Ils maîtrisent de mieux en mieux la logistique et les protocoles délicats dans le froid et la nuit, en particulier la récupération des données des capteurs installés au fond, à 15 mètres sous la banquise, à côté des échantillons de coralline. Après la plongée du 28 décembre, Louis m'écrivait "il faisait -20°C (-30°C lors de la plongée précédente), le kiff d'avoir trop chaud en se préparant !".
Ils participent également à la vie sociale de la communauté voisine, Arctic Bay. Traditionnellement, des jeux sont organisés tous les jours pendant près de deux semaines lors des fêtes de fin d'année. C'est une période très chaleureuse et conviviale, idéale pour mieux se connaître, déguster de l'omble arctique, du caribou congelé ou du morse fermenté, se faire inviter à la chasse au phoque, apprendre à fabriquer une parka ou un ulu (couteau courbe des femmes), réparer une motoneige, faire du ski de fond avec les jeunes du village...
Bonne Année 2020 à tous !
Début de la résidence d'artistes avec Le Fourneau et le groupe ToNNe, à l'école Kerbernard à Brest.
J'embarque demain matin à bord du Kapitan Dranitsyn (voir sa position). Depuis Tromso, la ville natale de Léonie, et tandis qu'Aurore fête ses 10 ans, je m'apprête à une longue mission sans mon équipage familial... Le brise-glace russe va rejoindre l'expédition Mosaic, près du pôle Nord. Une centaine de scientifiques, techniciens et marins se relaient tous les deux mois à bord du brise-glace allemand Polarstern pour une dérive arctique d'un an. La deuxième équipe, dont je fais partie, sera de retour à Tromso début mars.
Il s'agit de faire une étude complète de l'océan Arctique, avant qu'il ne soit exploité. Les changements en cours sont considérables, comme le constatent actuellement Mike Horn et Borge Ousland qui tentent de finir leur traversée de l'Arctique avant l'hiver. Très fatigués et presque à cours de vivres, ils devraient être récupérés bientôt. Voir leur position.
En attendant, près d'Arctic Bay, Natasha a rejoint Louis à bord de Vagabond. Dans cette baie protégée, la banquise est maintenant assez épaisse pour circuler sereinement (environ 30cm). Les prélèvements d'eau et de coralline se poursuivent, mais la plongée ce matin était compliquée... La nuit polaire s'est installée depuis mi-novembre, jusqu'à fin janvier, le thermomètre indique -23°C. Cette période est privilégiée pour participer à la vie sociale du village voisin.
Eric embarque pour la mission MOSAIC, 3 mois au coeur de l'océan Arctique.
Conférence de Gabriel Joyal pour Pêches et Océans Canada à l'Institut Maurice-Lamontagne sur les travaux de bathymétrie avec Vagabond.
Rétrospective avec la projection des 3 films qui ont été programmé au Festival du Film d'Aventure de La Rochelle : Sous les étoiles du pole_2008 / Sur le grand océan blanc_2012 / Aventures sur la banquise_2016, amphithéâtre de l’Aquarium de La Rochelle, 12 novembre. France est membre du jury du festival, du 14 au 17 novembre.