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Première journée de transect

  • Ours devant glacier Belcher ©EB
  • France et Leonie remontent la bouteille Niskin ©EB

Elle commence tôt cette journée : dès 2h du matin nous relevons l'ancre pour mettre le cap sur le glacier Belcher. La houle empêche tout repos entre nos quarts et six heures plus tard nous arrivons au pied du glacier. Un joli brash casse la houle qui sévit encore. Qui dit brash et icebergs dit ours ! grand spectacle ce matin : deux, puis trois ours dont un ourson guettent, se dressent sur leurs pattes de derrière, se cherchent, s'éloignent et nous aussi en plein début de manips nous les cherchons puis les retrouvons... En remontant la CTD, des grognements nous surprennent, morse, drone ? Non, l'un des ours a attrapé un phoque, il court sur les glaçons sa proie entre les crocs, et le jeu entre les trois congénères n'a pas l'air amical. A bord, on se sent plus tranquilles que la veille au soir sur la plage...

De quoi bien reprendre cette journée qui s'annonce dense : un transect de 9 stations CTD (relevés hydrographiques avec bathysonde) dont quatre avec prélèvements d'eau. La chorégraphie de ces dernières est à intégrer, mettre au point puis optimiser; la première station nous prend donc trois heures ! et il y a du travail pour chacun. Deux personnes pour la remontée de la CTD, puis pour l'envoi et la récupération de la bouteille Niskin, à chacune des trois profondeurs (fond, maximum chlorophylle et surface). Enfin, deux laborantines officient entre filtrations et prélèvements, pompage manuel pour filtrer et parfois deux mains supplémentaires sont nécessaires pour tenir les béchers dans le roulis ! Entre temps, il faut tout de même veiller à ne pas dériver sur les icebergs et naviguer jusqu'aux points suivants. Nous nous améliorons au cours de la journée : Eric effectue en une heure les filtrations pour la dernière station, tandis que nous naviguons jusqu'à un abri dans la brume épaisse.

Il est 10h du soir lorsqu'enfin attablés et au mouillage, heureux d'en avoir fini avec houle et transect, nous aspirons au repos à venir.


Coralline, icebergs, ours et patrouille

  • Ours pointe Johnson ile Devon ©EB
  • France regle genois ©EB

La prospection sur la côte Est de l'île Devon s'achève, les huit sites suggérés sont fréquentés par les icebergs de la baie de Baffin et la coralline n'a guère le temps de croître avant d'être raclée par les glaces dérivantes. France passe des heures dans l'annexe avec la caméra sous marine au bout de son câble pour déterminer précisément les éventuels meilleures sites de plongée. Les échantillons collectés sont ensuite séchés et inventoriés, ils seront expédiés à Toronto en fin de mission : Clathromorphum compactum contient des archives climatiques et améliore notre compréhension des changements passés de l'océan Arctique et de la banquise bien avant le début des observations instrumentées.

Bruit assourdissant, inquiétant. Un iceberg se brise en morceaux non loin de moi... France veille en surface, elle ne sonne pas la fin de la plongée, alors je poursuis mes recherches. Elle me dira ensuite qu'elle a eu peur, elle aussi !

Dimanche, nous sommes surpris par un avion énorme qui passe à très basse altitude, à deux reprises, avant un interrogatoire tout à fait cordial en français ! La patrouille militaire demande nom et indicatif du navire, port d'attache, pavillon, dernière escale, prochaine escale, nombre de personnes à bord, cargaison, marque et modèle du radar ! A leur connaissance, il n'y a pas d'autre navire dans la région ni plus au nord.

Le soir, c'est un ours qui surprend France, seule dans l'annexe, concentrée sur le petit écran de la caméra. Elle nous annonce soudain par radio que l'animal descend doucement de sa falaise, puis plus rien. Nous ne la voyons pas depuis Vagabond, l'inquiétude monte, je finis par lancer à Aurore et Léonie "on lève l'ancre !". Finalement France répond à la radio, et nous rejoint au mouillage, toute aussi chamboulée que nous. Le lendemain matin, Vagabond contourne l’îlot et nous observons l'ours, toujours là : je renonce à plonger sur ce site !

Il y a peu d'abris, heureusement la météo est clémente. Le repos au mouillage dépend de l'ampleur de la houle, soit nous sommes agréablement bercés, soit inconfortablement balancés !


Une mission solitaire

  • 20200721 Montage du kayak ©EB
  • 20200721 Bivalves Arctic Bay ©EB
  • 20200720 Appro vivres Arctic Bay ©EB
  • 20200715 Aurore et Leonie equipieres de choc ©EB

Les vents sont enfin favorables, il est temps pour Vagabond de quitter Arctic Bay et de commencer sa mission de deux mois autour des îles Devon et Ellesmere (carte). Comme à chaque départ, c'est un mélange d’appréhension et d'excitation.

Malgré les restrictions liées au Covid-19, Transport Canada et le Ministère de la Santé du Nunavut nous ont donné leur accord car notre équipage familiale est sur place depuis des mois. Mais les différents chercheurs pour qui nous travaillons ne sont pas autorisés à nous rejoindre au Nunavut, pas plus que nos équipiers, afin de protéger au mieux les communautés locales. Seul un hydrographe pourra exceptionnellement embarquer fin août, pour 3 semaines, et il lui faudra auparavant passer deux semaines de quarantaine dans un hôtel à Ottawa.

Nos filles Aurore et Léonie, 10 et 13 ans, seront nos équipières pour cette mission. Une configuration uniquement familiale inédite pour une saison de navigation qui s'annonce sauvage. Les eaux arctiques seront en effet très peu fréquentées cette année, nous ne croiserons pas de navire de croisière, ni de voilier voulant tenter le passage du Nord-Ouest. Même le brise-glace scientifique Amundsen est confiné au sud du cercle arctique. Ni bateau, ni glace car la fonte de la banquise atteint déjà un niveau record.

La récupération des derniers échantillons de coralline, pour clore cette étude d'un an, a été confiée à nos amis d'Arctic Bay que nous sommes nostalgiques de quitter. Mardi soir, le comité directeur de l'association des chasseurs (tous les Inuits de plus de 16 ans en sont membres, systématiquement) nous a convié à partager nos impressions et nos projets lors d'une réunion amicale. L'assemblée me questionne aussi sur l'impact potentiel d’hydrophones sur les mammifères marins que des scientifiques voudraient installer pour écouter l'activité sous-marine, en particulier cet été avec peu de trafic maritime. Et puis ce lac dans lequel les pêcheurs du village aimeraient que je plonge pour récupérer des filets perdus... A bientôt Arctic Bay !

Trois mois après mon retour à bord de Vagabond, le jour de la Sainte Brigitte, nous reprenons la mer (carte).


Eau libre

  • 20200708 Linaigrette ©EB
  • 20200705 Chez Hanna et Paul ©EB
  • 20200705 Baie Victor depuis la peninsule Uluksan ©EB
  • 20200704 Anniversaire un an Morgan ©EB

C'est la fin de la saison de motoneige et de la chasse au "floe edge" : beaucoup de mammifères marins se rassemblent en bordure de banquise pour profiter des eaux riches des fjords à nouveau accessibles. Il fait +12°C, la banquise fond très rapidement cette année et nous sommes les premiers à naviguer devant le village d'Arctic Bay ! Hier j'ai plongé depuis notre bateau alors que la veille il y avait encore trop de glaces pour naviguer jusqu'au site.

Nous nous activons à bord de Vagabond dans la journée (travaux scientifiques, entretiens de fin d'hivernage et préparatifs de la mission d'été), et nous campons le soir dans la baie Victor pour profiter de la toundra fleurie.

Notre voisin de tente Philip connaît nos filles puisqu'il travaille à l'école. Il vit avec sa femme Sarah dans une toute petite cabane, toute l'année, au bord de la baie Victor, car ils sont onze personnes dans leur maison à Arctic Bay. Le manque de logements est important au Nunavut.

Julian, nièce de Sarah et Philip, et son mari Isaia nous ont invités samedi soir à l'anniversaire de leur fils Morgan. Il est né il y a un an, le lendemain du suicide de son frère dont il a hérité du prénom. Autour des tentes et des petites cabanes, nous étions nombreux pour partager ces moments émouvants, heureux malgré tout. Leur amie Cherita organisait le 26 juin dernier dans le village une marche pour la prévention du suicide.

Après une belle rando dimanche avec vue magnifique sur l'eau libre et sur trois icebergs dans le fjord de l'Amirauté, nous rendons visite à Paul. Le mécanicien de la commune, si serviable à notre égard pendant tout l'hivernage, vit avec Hanna dans une petite maison rouge qu'il a construite il a 7 ans. Hanna enseigne la culture traditionnelle à l'école d'Arctic Bay, elle avait aidé France à faire le patron de la parka de Léonie. Elle vient tout juste de perdre son fils, encore un suicide... Paul nous raconte son enfance loin de sa famille, le pensionnat pour pouvoir manger trois fois par jour, et l'aide du gouvernement qu'il a reçu beaucoup plus tard pour compenser les années loin de son père et de l'apprentissage de la chasse et de la pêche. Il se rattrapa. Il explique sans amertume que grâce à son éducation et à son travail, au fil du temps, il a pu offrir plusieurs motoneiges à son père.

Depuis quelques dizaines d'années, derrière les belles cartes postales arctiques, les problèmes sociaux sont plus difficiles à surmonter que le froid polaire. Heureusement le coronavirus n'a pas atteint les communautés du Nunavut.


Nanisivik

  • 20200628 Vagabond a Nanisivik en 1983
  • 20200628 Plage Nanisivik ©EB

Nanisivik, "le lieu où les gens trouvent des choses", dans le fjord Strathcona. Une mine de plomb et de zinc y était en exploitation de 1976 à 2002. C'est sur une plage proche de la mine que Vagabond a séjourné durant deux hivers, entre 1981 et 1983, lors d'une expédition dans le Passage du Nord-Ouest vers le Pôle Nord magnétique. La plage n'a pas changé !

Frank May nous a conduit à Nanisivik dimanche dernier. Il faut à peine plus de 30 minutes en voiture depuis Arctic Bay, la piste de 36 km est bien entretenue, excellente même. Frank vit à Arctic Bay "seulement" depuis 1985 et ne pouvait donc pas se souvenir de Vagabond ! Il a été maire pendant 4 ans et partage volontiers ses souvenirs. Quelques anciens du village se souviennent du bateau en hivernage, il y a plus de trente sept ans.

Aujourd’hui Nanisivik est devenu une petite base de la Marine canadienne, tout juste opérationnelle, principalement pour ravitailler les navires. Sa création fût décidée lorsqu'un drapeau russe fût déposé le 2 août 2007 au fond de l'Océan Arctique, au Pôle Nord.


Avant que la banquise ne soit plus praticable, par France Pinczon du

  • 20200612 Camping pres de Arctic Bay ©EB
  • 20200610 Leonie avec chien et Eric en kite-ski ©France Pinczon du Sel
  • 20200519 Vue 360degres au pied des falaises St Georges society ©Aurore Brossier
  • 20200613 Fonte et banquise inondee pres d Arctic Bay ©EB

Les mois de mai et juin sont LA saison pour partir camper. Ensuite, la banquise devient hasardeuse à parcourir à pied sec, puis les flaques de fonte se trouent et l'océan noir apparaît comme un puzzle sournois.

15 jours après mon anniversaire, c'est le moment du fishing derby mais sans motoneige, impossible de s'y joindre. Le vent est fort, nombreux sont ceux qui font demi-tour avant d'arriver aux lacs choisis tant le pilotage, en traînant les lourds qamutiks familiaux, s'avère dangereux. Des trous sont ouverts un peu partout dans notre baie pour la version village du concours de pêche. Dès que le vent se calme, nous partons camper à l'entrée du fjord qui mène à notre baie. En 5h de marche et ski le long des falaises et une première fracture de glace à traverser, nous changeons d'univers. Encore du froid cependant la tente n'est plus installée sur de la neige mais sur un parfait tapis de petites pierres fendues par le gel. Et on respire, avec un horizon agrandit sur le fjord de l'Amirauté immaculé et ses 20km de large !

10 jours plus tard nous parcourons la baie Victor pour nous installer à sa pointe nord-ouest. La banquise y est plus belle que dans la notre cependant nous devons faire 2 bons détours afin de trouver où traverser les deux fractures trop ouvertes pour nos pas. A l'arrivée, proche d'une cabane de week-end, nous découvrons la vie qui renaît. Beaucoup d'oies se laissent approcher ou crient dans le ciel. Et puis nous avons maintenant deux chiens : Stone et Mickie, prêtée pour un mois par Paul, le chef mécanicien du village. Ainsi chaque fille a son chien, pour leur plus grand bonheur !

Enfin pour le 10 juin, anniversaire d'Eric, nous repartons attelés de la même manière à nos pulkas et à nos chiens, mais sur une banquise turquoise de flaques de fonte. Eric tente même le kite avec un peu de vent. Trajet magique mais bain de pieds froid assuré. Et le retour sera encore plus aquatique : on aura l'impression d'aller d'îlots en îlots à travers-lac ! Dans une jolie petite baie à notre taille nous coulons quelques jours paradisiaques, crapahutant sur les rochers, découvrant une multitude d'oiseaux et quelques nids, des bruants des neige autant que des goélands et même un faucon. L'air est maritime, tandis que la banquise inondée de bleue cache encore une bonne épaisseur de glace.

Mi juin, partir camper à pied par la banquise n'est plus raisonnable. A défaut, avant les premières pluies, nous bivouaquons à la belle étoile... ou plutôt sous le soleil permanent !


Cool job

  • 20200609 Prelevements eau site pH ©EB
  • 20200609 Bouteille Niskin sous la banquise ©EB
  • 20200603 Benthos Arctic Bay ©EB
  • 20200530 Eric rejoint le site de manip en kite-ski ©France Pinczon du Sel

Pour étudier la croissance de la coralline, outre les plongées qui permettent de récupérer régulièrement quelques uns des échantillons préparés en septembre et de vérifier le bon fonctionnement des capteurs (pH, salinité, lumière, température), nous suivons un protocole de prélèvements d'eau sur les deux sites. C'est mon job du jour.

Même après vingt ans de manips sur la banquise, je trouve toujours que ce job est cool.

A ski, je tracte mon traîneau jusqu'au premier site où j'installe la tente et le mini labo. J'ouvre le trou, c'est facile en cette saison même si l'épaisseur de la banquise est de plus de 1,6 mètre, et je descends la bouteille Niskin à 15m, juste à côté des échantillons de coralline. C'est cette eau là qui nous intéresse. Auparavant, pour filmer l'opération, j'ai plongé la caméra 360 degrés confiée par Exocéan. Bien installé dans la tente, je suis scrupuleusement le protocole pour remplir différentes bouteilles et flacons qui seront conservés congelés ou dans l'obscurité jusqu'au labo de Jessica Gould. Elle vient d'obtenir un prix prestigieux pour ses travaux !

Par radio VHF, je questionne Léonie qui fait habituellement ce travail de labo à bord de Vagabond, lorsqu'il fait trop froid pour installer un mini labo sur la banquise. Sur Internet, je vérifie le bon réglage de la pipette. C'est incroyable d'être si bien connecté sur le terrain, avoir un téléphone portable en hivernage est totalement nouveau pour nous ! Les 25 communautés du Nunavut ont un réseau cellulaire depuis septembre 2019.

Zachary revient de la chasse et s'arrête pour me saluer. Il propose de m'emmener en motoneige jusqu'à l'autre site ! J'accroche juste mon traîneau derrière sa machine pour les 10 minutes de trajet. Il m'aide à installer la tente, nous partageons un thé et échangeons quelques photos. Il a raté une oie ce matin, à 3h au sud du village. Je lui montre à quoi ressemble les fonds marins sous nos pieds, il est surpris par leur richesse et aurait parié que j'ai pris la photo sous les tropiques ! Il faut dire que le contraste avec la banquise en surface est spectaculaire. Il y a trois jours, Zachary nous rendait visite à la Pointe Victor, où nous campions en famille, et me montrait une image d'un jeune phoque égaré sur la banquise, trop loin de son trou. Une quinzaine de phoques se sont perdus ainsi ces dernières semaines dans la région d'Arctic Bay, comme celui trouvé près de Vagabond en 2012. Dans deux jours, il partira pêcher l'omble arctique et chasser le phoque avec son père Mishak qui collabore par ailleurs avec le programme SmartIce : des mesures d'épaisseur de banquise similaires à celles que nous effectuons régulièrement pour Christian Haas (co-fondateur de SmartIce), seuls ou avec lui.

Le temps de finir les prélèvements d'eau, de tout ranger dans le traîneau et de terminer un timelapse, le vent se lève gentiment. C'est tracté par un kite que je parcours l'essentiel des 4 km qui séparent le deuxième site de Vagabond. De la science, la visite d'un chasseur, du ski, du snowkite, de la photo, le tout sur et sous la banquise. Magnifique journée. Ca doit être ma fête.


Science et logistique légère

  • 20200601 Pousser bloc central sous la banquise ©Aurore Brossier
  • 20200517 En route vers Nuvua ©EB

Lors des onze hivernages précédents, nous utilisions des motoneiges pour nous déplacer sur la banquise au départ de Vagabond. Pour la science et pour nos loisirs. Cette année, les conditions nous poussent à faire sans.

Réduire nos dépenses. Ces machines bien pratiques coûtent au moins 10000€ à l'achat, consomment beaucoup d'essence et d'huile, et nécessitent un entretien régulier.

Sites scientifiques proches. Les trois sites définis pour le programme scientifique de cet hivernage 2019-2020 se trouvent dans la baie d'Arctic Bay (6x3km).

Confinement. Les visites entre familles sont vivement déconseillées depuis le mois de mars, que ce soit à Arctic Bay, sur la banquise, en itinérance ou en camping. Participer à une compétition de pêche, par exemple, à 8 ou 10 heures de motoneige du village, perd beaucoup de son sens s'il faut rester confiné près de sa tente.

Effort et partage. Aurore et Léonie ont bien grandi, c'est un plaisir de marcher ou skier ensemble, avec l'aide de nos chiens Stone et Miki ou de kites pour tracter nos pulkas qui garantissent notre autonomie. Nous allons certes moins loin qu'en skidoo, mais nous discutons en route et entendons les oiseaux !

De même pour les plongées et les prélèvements d'eau, nous n'avons pas de tarière motorisée ni de tronçonneuse alors nous perçons les 160cm de banquise avec tarières manuelles et tuks. Le contact avec la glace est plus intime et pas besoin de salle de sport !

Enfin, l'utilisation des panneaux solaires et le remplacement des batteries en septembre dernier nous permettent de réduire considérablement l'utilisation du groupe électrogène. Notre consommation de gasoil est de l'ordre de 7 litres par jour pour l'énergie, le chauffage et la cuisine.


Premier camping de la saison

  • 20200504l Bon anniversaire maman ©EB
  • 20200503d Depart camping ©Aurore Brossier

Cette année, pas de motoneige. Si nous voulons découvrir de nouveaux paysages, c'est avec nos pieds.

Afin de marquer et fêter mes 50 ans, nous partons donc avec 3 pulkas et Stone le chien, à pied ou a ski, vers une baie voisine.

Les préparatifs ne ressemblent pas à ceux des week-end camping des années précédentes où le traîneau pouvait s'emplir sans soucis de poids ! Eric et moi tirons chacun une pulka, Léonie gère Stone le chien et l'aide parfois à tirer la sienne, la plus lourde, tandis qu'Aurore joue les majorettes en tête ravie de notre petite équipée. A la pointe de la baie d'Arctic Bay, le vent s'installe et enfle dans notre dos, soufflant la neige en nous poussant de l'avant ! Plusieurs motoneiges nous dépassent puis Tom en traîneau à chiens. Nous les découvrons réunis dans une petite échancrure de la côte, partageant un thé suivant la coutume des dimanches soirs sur la banquise. Mais nous sommes en quarantaine, nous échangeons donc quelques signes de la main et poursuivons. Au bout de 3 heures de marche nous traversons les hummocks et le vent meurt doucement pour nous laisser monter la tente sur une berge idyllique.

Le lendemain, balades et farniente. Nous retrouvons avec bonheur le sentiment de liberté qu'offre ces campements sauvages et le soir Léonie nous surprend avec ses prouesses culinaires bien cachées dans la glacière (qui sert à éviter la congélation) pour fêter dignement mon demi siècle !


La science AVEC Eric le scientifique

  • 20200502c Derniers preparatifs avant de plonger ©Leonie Brossier
  • 20200501e France perce 1m60 de glace au tuk ©EB

Une fois par mois, il est une manip que nous n'avons pas pu effectuer sans Eric, consistant à aller récupérer des échantillons de coralline par 15 mètres de fond et de vérifier les divers capteurs permettant de suivre les conditions de croissance de cette algue aux strates révélatrices.

Autrement dit, la mise en œuvre d'une plongée sous glace.

Urgente donc, cette manip n'attend pas la fin de notre quarantaine. Sans contacts extérieurs, sans motoneige, sans tarière thermique. Juste avec nos petits bras.

Première étape, pratiquer un trou dans les 1,70m d'épaisseur de la banquise, et de bonne taille pour y laisser passer Eric lesté de son équipement. 7 heures de tuk, à deux. Le tuk étant cet axe métallique prolongé d'un tranchant qui permet de tailler dans la glace, petit à petit. Eric y laisse une genre de super-tendinite du poignet, tandis que je sentirai longtemps les muscles de mes mains douloureux.

Le lendemain, Eric se déclare tout de même valide pour la plongée. La petite tente de pêche est montée à coté du trou afin de réchauffer le bonhomme et son équipement, avant et après la plongée. Léonie assiste Eric dans son installation tandis qu'Aurore m'aide à ré-ouvrir et à nettoyer le trou, écumoire en main. Puis tout roule comme sur des roulettes. Le temps d'une plongée presque sans givrage, Aurore peaufine son "cercle de diamant" à proximité puis Eric ressort heureux. Une foi le trou recouvert de neige et le plongeur rhabillé, nous partageons le gâteau bien mérité joyeusement serrés à l'intérieur du petit carré de toile rouge.